Login

Évolution du commerce intracommunautaire de viande de porc entre 1999 et 2008 Focus sur quelques marchés d’importance

Entre 2000 et 2008, le commerce intracommunautaire de l’Union européenne à 25 de viande de porc a progressé de moitié. Les rapports de force entre les principaux pays producteurs n’ont pas manqué d’être revus. Synthèse.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La France a perdu de sa superbe et a perdu des mètres importants dans la course à la valeur ajoutée par rapport à ses concurrents (lire ici). Ses importations ont également fortement changé au regard des nouveaux rapports de force émergents au sein de l’UE. Sur la période 1999-2008 pourtant, les importations de viandes fraîches et congelées sont restées quasi stables, entre 300 et 340.000 tonnes. Mais l’origine des viandes, elle, a été profondément remaniée.

Influence ibérique en France


« En 2008, l’Espagne fournit désormais 65 %
des importations françaises. » (© Terre-net Média)
La France fait principalement appel aux Pays-Bas, au Danemark et à l’Espagne, pour importer sa viande de porc. Mais sur la dernière décennie, la hiérarchie a été chamboulée : en effet, en 1999, l’Espagne était le 2e fournisseur de la France, derrière les Pays-Bas (27 %), mais devant le Danemark (20 %).

Mais en 2008, l’Espagne avait trusté le gâteau en fournissant désormais 65 % des importations françaises, « reléguant loin derrière ses deux concurrents », notait Yves Tregaro (FranceAgriMer) lors des 42e Jrp.

En 2008, le Danemark et les Pays-Bas ne représentaient plus que 4 et 8 % respectivement. Entre ces deux groupes, l’Allemagne a su se faire une place en passant de moins de 5 % en 2003 à 11 % en 2008.

Autre évolution notable en France : la nature des viandes achetées par les industriels français. Au début des années 2000, les viandes désossées représentent presque la moitié des volumes importés (20 % en 1999), l’Espagne en fournissant environ la moitié, à côté des jambons, mais aussi des poitrines et des épaules. « Les industriels français de la transformation tirent profit du coût de la main-d’œuvre en Espagne, moins élevé qu’en France. »

L’Allemagne prend la main en Angleterre

Outre Manche, l’influence française perdait également de sa vigueur : entre 1999 et 2008, la part des viandes françaises dans les importations anglaises est passée de 16 % à 8 %. Même tendance observée pour l’origine irlandaise et danoise (malgré l’acquisition de Flagship par Danish Crown en 2004). Le grand gagnant est l’Allemagne qui a su tirer profit de cette redistribution des cartes, puisque sa part de marché est passée dans le même temps de 7 à 18 %.

L’Italie : terre de combats

« Le marché italien est désormais très disputé, soumis à une forte concurrence avec des prix plutôt tirés à la baisse », résumait Yves Trégaro. En Italie, les grands perdants sont les Pays-Bas qui sont passés de 30 % à 17 % de parts de marché au profit là encore de l’Allemagne (31 % en 2008 contre 20 % en 2000). L’Espagne commence également à investir le marché italien : « jusqu’en 2007, ses ventes représentaient moins de 7 % des besoins de l’Italie. En 2008, elles comptaient pour 11 % », détaillait le spécialiste de FranceAgriMer. Seule la France et le Danemark ont su maintenir leur parts de marché respectivement autours de 17 et 15 %.

Autosuffisance allemande

Au regard des données douanières de la période 1999/2008, le doute n’est pas de mise : « l’Allemagne, reste le principal pays importateur de l’Union européenne, malgré une autosuffisance acquise depuis deux ans », soulignait Yves Trégaro rappelant que le pays était pourtant historiquement déficitaire. Aujourd’hui, l’Allemagne est devenue exportatrice nette de viande de porc en 2007. « Il s’agit, en majorité, de viandes destinées à la fabrication de produits transformés. »

La Belgique, premier fournisseur du marché allemand, a maintenu sa part de marché sur les dix dernières années, autour de 38 %. Le Danemark et les Pays-Bas ont connu des évolutions opposées, avec une augmentation notable pour le premier (passé de 20 à 32 %) et des exportations danoises vers l’Allemagne en forte baisse : « leur part est passée de 30 % à 15 % au cours de la même période. Les Pays-Bas exportent plutôt de l’épaule, alors que le Danemark envoie essentiellement des jambons et des parties avant, cherchant à confirmer sa reconquête du marché européen de viande fraîche ».

L’avenir est à l’Est

Sur les dix dernières années, outre l’évolution du marché européen de viande de porcs en volume, il faut également relever l’émergence d’un nouveau bassin de consommation, avec, en fer de lance, la Pologne. Ce pays était situé en 1999 au 11e rang des pays importateurs européens avec entre 20.000 et 30.000 t selon les années. En 2008, elle est montée sur la 3e marche du podium, derrière l’Allemagne et l’Italie, avec des volumes importés variant entre 350 et 400.000 t, soit des besoins multipliés par dix ! La Pologne commerçait traditionnellement avec le Danemark qui lui fournissait 79 % de ses besoins en 1999. Mais depuis, la position danoise n’a fait que régresser et ne représentait que 61 % des importations polonaises en 2003. « À partir de 2004, l’Allemagne s’est intéressée au marché polonais : sa part de marché est passée de 14 % à 37 % en 2008. Ainsi, à eux deux, le Danemark et l’Allemagne assurent aujourd’hui 80 % de l’approvisionnement européen de la Pologne » concluait Yves Trégaro.

Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement